Nantes Métropole : Transformer des friches en terres productives pour l’alimentation locale

**(rédigée dans le cadre du Pacte de Politique Alimentaire Urbaine, cette fiche est à retrouver sur leur site).

Le contexte

Le développement des friches et friches industrielles à Nantes dans les années 1980 et 1990 est le résultat de la hausse des prix des terrains (due à des pratiques spéculatives combinées à un étalement urbain important et à une forte croissance démographique). Les terrains sont alors devenus trop chers pour une utilisation agricole. Par ailleurs, la spécialisation de l'agriculture au niveau national et sa «déterritorialisation» ont également contribué au développement des friches. Dans les années 2000, les propriétaires fonciers - qui étaient en demande d'agrandissement et d'installation de fermes - se sont dits préoccupés par le nombre croissant de friches dans les zones agricoles et naturelles.

En 2009, la Chambre d'agriculture a décidé de procéder à une évaluation afin de qualifier et de quantifier l'utilisation réelle des terres dans les zones couvertes par le plan d'urbanisme local. Le résultat de l'évaluation a ensuite été partagé avec les municipalités locales et les réseaux professionnels (organisations paysannes, syndicats agricoles, collectifs agricoles, etc.), identifiant 155 sites sur lesquels l'agriculture pourrait être délocalisée sans trop d'investissement, favorisant le développement économique local et l'augmentation de la production.

Le projet

L'évaluation a identifié un total de 1 500 à 2 000 hectares (ha) de terres agricoles potentielles. Afin de mettre en valeur ces sites jusque-là inexploités, plusieurs parties prenantes ont d'abord défini les ressources nécessaires pour préparer le terrain et obtenir les infrastructures nécessaires. Un double objectif a été fixé: nettoyer un site par commune en 2011 et replanter 500 ha d'ici 2014.

Plus de 300 réunions locales ont été organisées entre 2011 et 2014, selon une méthode basée sur trois piliers:

1. L'organisation d'un groupe local par la commune, associant des représentants de la commune, de la métropole nantaise, de la Chambre d'agriculture et d'autres acteurs locaux selon les souhaits et les besoins des communes. Ce groupe a le pouvoir de valider le choix des sites de production à défricher et de planifier les projets.

2. Un groupe conjoint de coordination de Nantes Métropole et de la Chambre d'agriculture, qui assure la transversalité du programme et la prise en compte du projet dans les différentes politiques publiques de Nantes Métropole. Des partenaires externes sont également régulièrement associés selon les thèmes traités.

3. Une rencontre annuelle entre chacun de ces acteurs, dans le but de mutualiser et de partager les expériences. Depuis 2009, Nantes Métropole a mis en place et mis à jour différents moyens, apportant aide financière, support technique et information.

Enfin, entre 2009 et 2014, 137 sites ont été évalués sur 1 900 ha. Douze nouvelles installations agricoles ont été finalisées et neuf sont en cours ou à l'étude sur des sites défrichés. Aujourd'hui, le processus de soutien au défrichement s'est poursuivi grâce à une évaluation de suivi 2014 qui a identifié les secteurs d'intervention prioritaires et l'évolution de l'utilisation des terres agricoles par commune.

Résultats et enseignements tirés

Réalisation progressive de sa politique alimentaire, l'objectif de Nantes Métropole est de revitaliser les friches agricoles à travers des démarches et projets innovants. L'innovation méthodologique vise à générer des résultats dynamiques pour éclairer la politique alimentaire. Les acteurs impliqués partagent leurs priorités et leurs idées de projets dans leurs domaines de compétence respectifs.

A l'échelle de Nantes Métropole, un plan d'action spécifique a permis de mettre en cohérence l'action publique et travaille à plusieurs niveaux:

• protection réglementaire des terrains dans les documents d'urbanisme;
• intervention en partenariat avec les opérateurs «sur le terrain»;
• développement d'approches collectives visant à l'émergence de projets locaux.

Cette approche a donné des résultats impressionnants: 450 ha ont été défrichés et re-cultivés sur 51 sites différents. Cette action a directement profité à de nombreuses exploitations qui sont diversifiées, restructurées en accueillant de nouveaux partenaires ou nouvellement soutenues grâce à la réduction significative des coûts de défrichement.

Le territoire présente également des co-avantages environnementaux, sociaux et économiques, notamment:

• la création et / ou le maintien d'emplois agricoles;
• l'émergence de nouveaux réseaux de vente dans les filières courtoisie;
• la diversité accumulée des paysages du fait de la diversité des activités agricoles du territoire.

La revitalisation et les multiples avantages d'une telle diversification des systèmes alimentaires territoriaux est une caractéristique clé du projet. Cette approche a été adoptée après une réflexion approfondie sur le processus d'urbanisation et la nécessité de contenir l'étalement urbain qui est essentiel pour la préservation des zones agricoles et naturelles. Cette action est à la base du Projet Territorial Alimentaire partagé par les acteurs publics et privés de Nantes Métropole.

Source : http://www.milanurbanfoodpolicypact.org/wp-content/uploads/2018/07/Brief-29-Nantes.pdf

Article Ouest France, avril 2018.

© FAO, 2018 

Cette publication a été initialement rédigée par le gouvernement de la ville dans le cadre des Prix du Pacte de Milan 2016 et 2017 et ne reflète pas nécessairement les vues ou les politiques de la FAO.

Dernière modification : 06 Avr 2020.