Le contexte
Selon la FAO l’agriculture urbaine et périurbaine consiste à cultiver des plantes et à élever des animaux à l’intérieur et aux alentour des villes. L’agriculture urbaine peut répondre à plusieurs objectifs : participer à la sécurité alimentaire, être un lieu d’approvisionnement en produits frais, être source d’emplois, recycler les biodéchets urbains, valoriser des espaces de friches, créer des îlots de fraîcheur, être un lieu d’éducation et de sensibilisation…
L’agriculture urbaine n’est pas qu’une préoccupation actuelle, au XIXème siècle à Paris l’abbé Jules-Auguste Lemire créé des jardins ouvriers afin de redonner leur indépendance alimentaire aux foyers.
Aujourd’hui dans un contexte de modifications des pratiques alimentaires et des attentes citoyennes face aux défis du réchauffement climatique, l’agriculture urbaine est un sujet qui prend de plus en plus d’ampleur.
La Métropole de Marseille n’est pas étrangère à ces enjeux. En effet, la ville abrite déjà 52 jardins partagés sur sont territoires comptabilisant une surface de près de 4 hectares, ainsi que 12 jardins familiaux représentants une superficie de 23 hectares. De même, la ville compte plusieurs fermes de productions et micro-fermes sur des espaces urbains délaissés ainsi que sur les franges de la ville. On retrouve ainsi Terre de Mars par exemple, une micro-ferme permaculturelle en maraîchage diversifié proposant des visites à la ferme et ateliers scolaires (vous pouvez retrouver la fiche concernant Terre de Mars sur ce lien).
En juin 2018 la Métropole Aix-Marseille adopte un Projet Métropolitain qui doit servir de cadre de cohérence pour les politiques publiques à l’horizon 2040 afin de répondre aux enjeux de qualité de vie, de préservation de la nature, d’augmentation de la population et d’emploi notamment. Par la suite, en décembre 2018 la Métropole adopte son Agenda Environnemental afin de répondre aux enjeux de de la crise environnementale (qualité de l’air, transition énergétique, protection de la mer et préservation de la biodiversité). C’est également dans ce contexte que la Métropole va élaborer son Projet alimentaire territorial (PAT). Les PATs, issus de la loi d’avenir pour l’agriculture de 2014, sont des initiatives locales, portées par des pouvoirs publiques, au sein desquelles les acteurs d’un territoire vont se réunir, établir un diagnostic de la situation alimentaire et rechercher des solutions concrètes pour répondre aux problématiques locales. Le PAT de la Métropole d’Aix-Marseille et du Pays d’Arles souhaite permettre à la population du territoire de manger sain, bon et surtout local. Il s’agit d’un des projets les plus importants en France en termes de superficie de population et d’enjeux car il concerne directement plus de 2 millions de consommateurs sur un secteur couvrant la Métropole Aix-Marseille-Provence et le Pays d’Arles.
Enfin, c’est dans ce contexte que naît le 24 octobre 2019 le Plan d’action en faveur de l’agriculture urbaine avec pour objectifs le développement d’une agriculture et d’une alimentation plus durables ainsi que la volonté de dynamiser le territoire de la Métropole.
Le projet
Le plan d’action concerne plus de 40 hectares de terres mis ou remis en culture sur le territoire de Marseille ainsi que plus de 20 exploitations agricoles professionnelles le tout pour un budget de 2,1 millions d’euros dédiés à l’agriculture urbaine en 2020.
Ce plan d’action entend répondre à trois grands enjeux :
Premièrement, un enjeu d’alimentation en permettant l’accès des habitants à des produits ultra-frais tout en sensibilisant la population à une alimentation saine.
Deuxièmement, faire de la Métropole un territoire plus vert où l’agriculture permet de mieux gérer les franges urbaines et réduire les risques liés aux changements climatiques (feux de forêts notamment) ainsi que de créer des îlots de fraîcheur.
Enfin, renforcer le lien social entre les habitants des quartiers autour de jardin partagés, collectifs ou scolaires.
Le plan d’action doit également permettre de coordonner les actions des différents partenaires sur le sujet en posant un cadre stratégique à même de répondre aux défis rencontrés par les agriculteurs urbains et péri-urbains. Il doit garantir les bonnes conditions institutionnelles au développement d’initiatives privées et soutenir les initiatives publiques et publiques-privées susceptibles d’être répliquées.
Dans un premier temps le plan d’action vise un périmètre restreint correspondant à la ville de Marseille du fait de son potentiel en agriculture urbaine et de la présence d’acteurs spécialisés sur le territoire. Dans un second temps, le plan d’action sera étendu à d’autres villes de la Métropole. Le plan d’action s’étale sur 2 ans à compter de fin 2019 avec une phase 2 engagée dès 2020.
Mise en oeuvre :
Dans la première phase de mise en œuvre le plan présente un total de 30 actions phares, incluant la mise en place de dispositifs publics dont pourront bénéficier une centaine d’initiatives d’agriculture urbaine recensées sur le territoire de Marseille. Ces initiatives font souvent face à de nombreuses difficultés administratives et économiques (accès à l’eau, au foncier, subventions…). Ces 30 actions sont classés selon trois axes stratégiques :
- Axe 1 : Soutenir une production et une alimentation locales
L’objectif est d’adapter les plans locaux d’urbanisme afin de lever les obstacles réglementaires à l’agriculture urbaine, de faciliter l’accès à l’eau agricole et au foncier, mettre en place un groupe de coordination-installation dédié aux projets professionnels de l’agriculture urbaine, promouvoir la reconnaissance d’un statut d’agriculteur urbain au niveau national et apporter un appui aux capacités de distribution et de commercialisation locales.
- Axe 2 : Mobiliser l’agriculture urbaine au service d’une ville durable
Ce second axe doit permettre à l’agriculture urbaine de renforcer la place de la nature et des espaces verts dans la Métropole. Ce qui passe également par une meilleure gestion des franges urbaines (éco-pâturage, développement de pépinières agricoles, création d’un verger expérimental en péri-urbain…).
- Axe 3 : Favoriser l’émergence d’une ville inclusive
Ce dernier axe a pour objectif de soutenir la création de jardins partagés non professionnels, ainsi que la création de micro-fermes dans des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV). Enfin, cela passe également par la mise en place d’un dispositif d’accompagnement à la création des marchés de producteurs paniers et AMAP solidaires dans les déserts alimentaires.
A ces trois axes s’ajoutent différentes actions transversales mises en œuvre par la Métropole. En effet, la plan d’action prévoit un soutien au développement des formations en agriculture urbaine ainsi qu’un financement coordonné des projets privés d’agriculture urbaine en s’appuyant sur des dispositifs existants et en créant de nouvelles enveloppes financières dédiées. Il s’agit aussi d’actions d’accompagnement pour renforcer la qualité environnementale des projets. Enfin, le plan permet également un soutien à la Cité de l’agriculture au bénéfice des projets d’agricultures urbaines, de sensibilisation et d’éducation (vous pouvez retrouver le lien vers la fiche sur la Cité de l’Agriculture sur ce lien)
Pour finir, parmi les mesures concrètes que prévoit le plan on retiendra par exemple :
- L’installation d’une halle de producteurs en demi-gros dans l’est de Marseille
- Le soutien à l’installation de projets pilotes de micro-fermes urbaines à Frais-Vallon-La Rose ainsi qu’aux Aygalades.
- Le financement d’une ferme urbaine au lycée professionnel des Calanques
- La création d’un parc agricole sur les pentes du massif de l’Etoile sur une surface de 250 hectares
Sur ce dernier point on notera que la Métropole d’Aix-Marseille-Provence a, en juillet 2020, décidé d’amender le PLUI (plan local d'urbanisme intercommunal) pour réduire le périmètre à urbaniser de la ZAC des Hauts-de-Sainte-Marthe et permettre la création d’un parc agricole de 300 hectares sur les piémonts du Massif de l’Etoile.
Sources :
https://www.ampmetropole.fr/sites/default/files/2019-11/plan_action_agriculture_urbaine_MAMP.PDF
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/agriculture-urbaine
https://www.ampmetropole.fr/actualites/pat
https://www.cadredeville.com/announces/2020/07/23/marseille
Cette fiche initiative a été rédigée par Thomé Orenga, volontaire LFC - septembre 2020.
Dernière modification : 14 Sep 2020.
Métropole Aix-Marseille-Provence
La Métropole Aix-Marseille-Provence s’engage dans la mise en œuvre d’un plan d’action en faveur de l’agriculture urbaine destiné à répondre aux enjeux alimentaires, environnementaux et sociaux des milieux urbains et périurbains. Cette démarche est en synergie avec les stratégies métropolitaines. Elle s’inscrit dans le cadre plus large du Projet métropolitain, adopté en juin 2018, de l’Agenda environnemental présenté en décembre 2018 par la Métropole et le Département, du Projet alimentaire territorial engagé en mars 2019 et du Plan climat-air-énergie en cours.