Contexte
Les souks sont au cœur des systèmes alimentaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. En effet, ce sont des espaces centraux d’échange de produits, de rencontre et de convivialité. Clifford Geertz décrivait les souks en 1979 comme “un système distinct de relations sociales qui tourne autour de la production et de la consommation de biens et de services”.
Le souk de Chefchaouen est une institution qui, malgré sa faible influence dans la région, est centrale pour l’approvisionnement alimentaire de la ville. Depuis le début du 21e siècle, le lieu reflète également l’impact de la mondialisation sur le territoire. En effet, alors qu’il était traditionnellement animé par les petits producteurs du territoire, il a été progressivement investi par des plus gros producteurs, venus d’autres régions marocaines ou d’autres pays.
Le projet
En 2012, alors que le souk de Chefchaouen comme il existait historiquement est impacté par la mondialisation et que les traditions locales se perdent, la municipalité, grâce à l’aide de l’UNESCO (Chefchaouen fait partie du patrimoine culturel immatériel mondial au titre de la “diète méditerranéenne”, ce qui oblige la promotion active du patrimoine alimentaire local), décide de reconnecter le souk avec les populations locales et la diversité agricole du territoire. Le souk local est alors relancé par la ville qui incite les producteurs locaux à investir l’espace et se débarrasser des intermédiaires pour créer un lien direct avec les consommateurs. C’est le renouveau des circuits courts à Chefchaouen, sous le nom de Souk Beldi. Le terme Beldi fait référence à une valorisation immédiate de ce qui est produit localement comme intrinsèquement bon et sain. De façon plus courante, Beldi veut dire biologique/sain.
Résultats
Aujourd’hui, le Souk Beldi est une initiative aux résultats à nuancer. Le souk cherche à mettre en lumière la qualité des produits de terroir en réservant des stands aux petits producteurs locaux, deux fois par semaine, le lundi et le jeudi. Si l’endroit cherche à se faire connaître comme un haut-lieu d’alimentation biologique, locale, saine et de qualité, il reste dominé par les producteurs de gros et d’imports. En effet, le coût des stands, tout comme les difficultés à accéder au marché/s’organiser pour vendre sur le souk, rendent plus rentable l’utilisation d’intermédiaires pour de nombreux petits producteurs. De la même manière, la logique de concurrence qui régnait auparavant sur le souk, et agissait en faveur des plus gros vendeurs, s’est maintenue au Souk Beldi.
Petit plus
Depuis la renaissance du souk de Chefchaouen, une féminisation du marché a été encouragée afin de promouvoir la place des femmes dans le domaine de la production, distribution et vente alimentaire. Néanmoins, elle reste marginale à l’heure actuelle.
Cette fiche a été rédigée par Camille Perigaud, stagiaire à Let’s Food en mai 2023.
Dernière modification : 06 Juin 2023.
Municipalité de Chefchaouen
En 2012, la municipalité de Chefchaouen lance le projet d'un souk local pour reconnecter les populations locales à la diversité agricole du territoire. Avec le Souk Beldi, elle incite les producteurs locaux à investir l’espace et se débarrasser des intermédiaires pour créer un lien direct avec les consommateurs.