Résumé
Les jardins familiaux de Nouméa sont des parcelles de terre que la ville - et plus particulièrement le Centre Communal d’Action Social (CCAS) - loue à faible prix à des familles en situation de précarité. Celles-ci peuvent alors cultiver des fruits et légumes pour leur propre consommation. Cette initiative participe à proposer une alimentation saine pour tous ainsi qu’une activité physique régulière et un maintien des liens sociaux.
Contexte
La Nouvelle-Calédonie, comme beaucoup d’autres territoires insulaires, fait face à une problématique d'autosuffisance alimentaire particulièrement marquée. La Province Sud, notamment à travers la Politique Publique Agricole Provinciale, souhaitait atteindre 30% de couverture des besoins alimentaires des calédoniens en 2025 [1]. Les besoins en production maraîchère pour l’autoconsommation sont importants.
La Nouvelle Calédonie connaît une urbanisation galopante de sa population, puisque 2 tiers des calédoniens vivent dans le grand Nouméa. Les prix très élevés de la nourriture et la structure des revenus rendent l’accessibilité à la nourriture saine quasiment impossible pour plusieurs dizaines de milliers de personnes. Chez les premiers quintiles de salaire, l’autoconsommation représente 40% de l’alimentation.
Par ailleurs, les taux de surpoids et d’obésité sont dangereusement élevés (67% d’adultes en situation de surpoids ou d’obésité en 2015) (Agence sanitaire et sociale de Nouvelle-Calédonie). Il y a donc urgence à favoriser l’accès à des produits frais et diversifiés aux familles précaires qui souhaitent cultiver en ville, qui ont besoin de l’amortisseur alimentaire, tout en encourageant une activité physique mais n’ont pas de jardin. C’est dans ce contexte qu’ont été créés les jardins familiaux de Nouméa. Le premier jardin a ouvert en 2004, mais le dispositif a connu son essor en 2016.
Un des objectifs de cette initiative est également de permettre à des familles en situation précaire de maintenir ou de retrouver des liens avec la terre, ce qui fait partie intégrante des valeurs culturelles océaniennes. Les parcelles louées étant proches les unes des autres, ces espaces partagés participent aussi au renforcement de la cohésion sociale dans les quartiers.
Projet
Quoi ?
Les parcelles, de 70m², sont attribuées pour 2 ans, pour un loyer de 1500 F, soit environ 13 € par mois. Au bout de 2 ans, le locataire peut soit renouveler la location, soit rendre la parcelle. Chaque parcelle dispose d’un point d’eau et d’un casier. Les jardins sont clôturés et équipés de toilettes sèches, l’usage de pesticides y est interdit.
Les locataires de jardins sont accompagnés par le CCAS pour la gestion administrative mais aussi pour l’entretien des parcelles, via des fiches conseils sur différentes pratiques de cultures, des formations et sensibilisations, etc. La ville fournit du compost et de la terre et assure l’entretien des parties communes.
Comment ?
Le coût de création du jardin (investissement de départ) est d’environ 400 000 FCFP, soit 3 350 € par parcelle, financé par la commune. Un animateur des jardins à mi-temps et un service civique sont employés.
Pour qui ?
Le CCAS fait remonter les besoins de la population. Le service technique de la mairie attribue ensuite des parcelles aux différentes familles qui en font la demande, en fonction des disponibilités du foncier. Les ménages prioritaires pour les demandes d’attribution des jardins sont les ménages en précarité financière suivis par les travailleurs sociaux, les familles nombreuses et les personnes qui ont été relogées à la suite d’opération de résorption de squat.
Résultats
287 parcelles sont donc mises à disposition des foyers ciblés dans Nouméa surtout dans les quartiers nords de la ville, où le foncier était plus disponible. Ce dispositif est déjà une réussite, cependant on peut noter que la demande est importante dans les quartiers sud, mais il y a peu de surface disponible. Actuellement, il y a entre 30 et 50 demandes en attente.
Petit Plus
Les acteurs impliqués dans la gestion administrative et l’organisation du dispositif sont majoritairement communaux, mais ils travaillent avec des partenaires présents sur le terrain, comme des associations, des écoles, des maisons de quartier. Cela permet de raffermir les liens entre les habitants : chaque jardin dispose d’un espace convivial favorisant les échanges de technique culturale, de plants et l’organisation de repas partagés. Certaines parcelles sont adaptées aux Personnes à Mobilité Réduite (PMR), avec des jardinières en hauteur et des accès facilités.
Des partenaires présents sur le terrain, comme des associations locales, des écoles ou des maisons de quartier, sont déterminants pour assurer la cohésion et le bon fonctionnement de ce dispositif.
Sources
[1] Province Sud, Politique Publique Agricole Provinciale, Novembre 2016, Schéma de développement agricole provincial à l’horizon 2025, consulté le 22/02/2022, disponible à l’adresse suivante : https://www.province-sud.nc/sites/default/files/1827773/DDR%20Sch%C3%A9ma%20de%20d%C3%A9veloppement%20agricole%20lightOK.pdf
[2] Cellule communication la ville de Nouméa. Le Centre Communal d’Action Sociale. In : Site internet officiel de la ville de Nouméa. Consulté le 22/02/2022, disponible à l’adresse : https://www.noumea.nc/solidarites/le-centre-communal-daction-sociale
Cette fiche a été rédigée par Elsa Bombrun, stagiaire Let's Food en Mars 2022.
Dernière modification : 09 Mai 2022.
Centre Communal d’Action Sociale de la ville de Nouméa
Les Centres Communaux d’Actions Sociales sont des établissements publics français, présidés par les maires des communes. Ils ont été créés en 1953 pour venir en aide aux personnes les plus fragiles. Ils sont chargés de la prévention et du développement social des territoires. Le CCAS de Nouméa a lui été créé en 1991. Il agit autour de trois services : Famille et Coéducation, Accompagnement individualisé et Animation et Actions Collectives. [2] Il assure la gestion des jardins partagés de Nouméa, qui sont conçus et créés par la Division Paysage et Patrimoine Végétal de la mairie.