Le contexte
À leur arrivée en France, les demandeurs d'asile doivent entamer une longue procédure d’accueil, pouvant aller jusqu’à deux ans, pendant laquelle ils ne peuvent pas travailler en continu. Ceci est souvent synonyme de perte de confiance et de compétences ...
Pour répondre à cette problématique, les deux fondateurs de l'association La Terre en Partage ont imaginé un lieu de vie collectif où les demandeurs d'asile pourraient reprendre confiance à travers l'activité de maraîchage, s'intégrer à la société française, se loger dignement, travailler, tout en apprenant le français. En juillet 2017, les deux fondateurs se sont installés dans une ferme de 9 hectares près de Limoges, découpée entre maraîchage biologique, vergers et espaces de pâture.
Ce projet de maraîchage solidaire vise à rendre le temps de demande d'asile actif et constructif. La ferme qui accueille le premier projet expérimental de l’association, sur le site du Mazet, contribue à redynamiser le territoire et s'inscrit dans le projet de ceinture maraîchère développé par Limoges Métropole dans le cadre de son PAT. En Haute-Vienne, de nombreux agriculteurs s'apprêtent en effet à céder leur activité et beaucoup ont des difficultés à retrouver des repreneurs.
Le Projet
Ce projet repose sur un agrément OACAS (Organisme d'Accueil Communautaire et d'Activités Solidaires), qui permet aux bénéficiaires du dispositif de travailler quelques heures par jour et d'être déclarés à l'URSAFF (Union de Recouvrement des Cotisations de Sécurité Sociale et d'Allocations Familiales). Ce n'est pas un chantier d'insertion dans la mesure où les demandeurs d'asile ne perçoivent pas de rémunération : l'argent est en effet réinvesti dans le projet lui-même.
Le projet est présenté aux demandeurs d’asile par le Service de Premier Accueil des Demandeurs d’Asile (SPADA), via l’Office Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII). Les intéressés bénéficient d’une journée d’immersion pour participer à la vie de la ferme et se décider.
Depuis décembre 2018, une dizaine de demandeurs d'asile sont hébergés sur le site. Chaque matin, tous se retrouvent pour organiser la répartition des tâches de la journée, entre maraîchage et cuisine. Ils bénéficient également de cours de français, d'une aide dans leurs démarches administratives et leur recherche d'emploi.
Et les clefs de réussite ?
L'implication des demandeurs d'asile s'est faite dès le début, notamment par des chantiers coopératifs destinés à remettre en état les terres de la ferme, non utilisées depuis plusieurs années. Ces chantiers ont aussi permis d'associer la population locale au projet.
Les demandeurs d'asile participent à la mise en place de divers événements comme des journées portes ouvertes, organisées pour faire connaître le projet. Lors de ces journées, ils réalisent des visites, informent la population, ou encore, essaient de recruter des bénévoles. Par ailleurs, ils s'impliquent au quotidien dans la vie locale en participant notamment au club de foot du village.
Ils s'engagent également dans la gouvernance même du projet dans la mesure où ils font partie du Conseil d’administration. Cela leur permet de mieux se rendre compte des postes de dépense et de prendre eux-mêmes des décisions.
Le collectif et l'entraide sont de véritables forces. Les demandeurs d'asile, qui ne se sont pas choisis, apprennent dans ce lieu à recréer une communauté.
Résultats
Les produits obtenus à la ferme sont commercialisés en vente directe, afin de créer du lien avec la population locale. Un partenariat est aussi envisagé avec la mairie du village, afin d'approvisionner la cantine scolaire en fruits et légumes locaux.
Des temps d'animation autour de la culture de variétés de pommes anciennes sont prévus avec les enfants du village. Une manière pour les enfants d'aborder l'agriculture locale, mais aussi l'immigration et les pays traversés : il s'agit ainsi de faire de l'économie et la géographie appliquées.L'association envisage d'enrichir ce lieu de vie en communauté par divers projets, dont un projet de food truck.
Le petit plus
Le projet n’en est qu’à ses débuts. La ferme du Mazet est un projet pilote que l’on pourrait imaginer se décliner dans beaucoup d’autres endroits en France !
Cette fiche initiative a été réalisée par Inès Joffet, bénévole LFC - Juillet 2021
Dernière modification : 08 Nov 2021.
La Terre en Partage
La Terre en Partage est une association co-fondée par Boris et Clémence Skierkowski en 2017. L’association propose un lieu de vie collectif, dans une ferme de 9 ha près de Limoges, où les demandeurs d'asile peuvent reprendre confiance à travers l'activité de maraîchage, s'intégrer à la société française, se loger dignement et travailler, tout en apprenant le français.