Le contexte
En raison de la forte densité de population de Barcelone et de son espace limité de croissance en périphérie, il est difficile de trouver des espaces pour l'agriculture urbaine. Pour contourner ce problème, la municipalité de Barcelone a envisagé de cultiver sur les toits des bâtiments municipaux. L’association de ces espaces disponibles en milieu urbain et de l’intérêt des personnes handicapées les potagers urbains a conduit à la création du projet «Le Potager sur le toit ».
Le projet
Mise en oeuvre
Le projet a débuté au siège du service des Droits sociaux de la mairie de Barcelone en 2016 avec l’expérimentation d'un potager hydroponique bénéficiant du soutien de l'Institut de recherche techno-agroalimentaire (IRTA), pour la partie technique et agronomique, et la participation de trois organismes pour personnes handicapées mentales de Barcelone.
En raison du succès de l'initiative - qui a suscité un grand intérêt parmi le public visé et des organismes en charge des personnes handicapées et les différents services de l'administration municipale - le projet a pris de l'ampleur et comprend actuellement huit potagers dans des installations municipales répartis sur les différents quartiers de la ville. De nouveaux profils de personnes handicapées ont été intégrés au projet, comme des personnes présentant des troubles de santé mentale ou des personnes handicapées physiques.
Les objectifs du projet sont :
1. Le développement de l'autonomie et de l'apprentissage des personnes handicapées
2. L'installation de potagers en culture hydroponique et de pratiques respectueuses de l'environnement sur les toits et balcons des bâtiments municipaux
3. La production et la consommation locale pour une empreinte écologique minimale
4. La solidarité grâce au don des excédents des récoltes aux soupes populaires et aux banques alimentaires
5. L’utilisation des espaces communautaires publics du territoire en désuétude
6. Le développement de relations sociales et intergénérationnelles avec l'intégration d'autres groupes (enfants, jeunes, personnes âgées, etc.). Avec cet objectif, une dimension d'apprentissage et de lutte contre la stigmatisation du collectif de personnes handicapées est intégrée.
7. La promotion des valeurs de durabilité environnementale, sociale et économique parmi toutes les parties prenantes du projet
L’Institut Municipal de Personnes handicapées (IMPD) coordonne le projet avec le soutien d'autres services municipaux et écoles publiques qui hébergent des jardins sur les toits. Les usagers des centres de personnes handicapées sont chargés de l'exploitation du potager (en collaboration avec les élèves lorsque le potager est situé dans leur école). Les entreprises ou institutions agroécologiques sont responsables de l'installation, de la supervision des différents potagers et de la formation didactique des personnes handicapées, des étudiants, des éducateurs et des enseignants. Le projet entre aussi en lien avec les soupes populaires et les banques alimentaires bénéficiaires des surplus de la récolte.
Moyens
Deux personnes de l'IMPD sont en charge du projet, auxquels s’ajoutent des techniciens des entreprises agricoles, des éducateurs des entités pour personnes handicapées et des enseignants. En ce qui concerne les ressources matérielles, le projet utilise des infrastructures basées sur la technologie hydroponique verticale ou horizontale avec un dispositif d'irrigation et de fertilisation automatique. L'initiative a débuté grâce à une subvention publique de la municipalité et pour le moment le coût d'installation et d'entretien est pris en charge par les institutions qui hébergent les potagers sur leur toit pour répartir les dépenses entre les différents acteurs du secteur public.
Résultats
Environ 170 personnes avec différents types et degrés de handicap participent aux potagers entre une à deux fois par semaine selon l'entité. Une étude sociologique élaborée en 2018 [1] a démontré les bénéfices sur la qualité de vie des participants par rapport à l'autodétermination, le bien-être (émotionnel, physique et matériel), l'inclusion sociale, le développement personnel et les relations interpersonnelles.
De plus, les produits récoltés bénéficient à la fois aux utilisateurs du potager et à leurs familles mais aussi aux personnes en situation de précarité alimentaire. En effet, en raison de l'importante production de légumes, la quasi-totalité de la récolte d'aliments frais est destinée aux soupes populaires et aux banques alimentaires. Enfin, une analyse interne a confirmé que les produits cultivés dans les potagers sont sains et très peu contaminés.
Le projet est particulièrement pertinent par la combinaison d'une initiative sociale et solidaire avec des objectifs de durabilité environnementale. « Le Potager sur le toit » aspire à inclure une population habituellement marginalisée dans une initiative de promotion de la souveraineté alimentaire en cultivant des produits biologiques et de saison. Par ailleurs, cela permet à un collectif habitué à recevoir de l'aide de changer de rôle et à faire preuve aussi de solidarité envers les autres en apportant les excédents du potager aux bénéficiaires des soupes populaires et des banques alimentaires. D'un autre côté, grâce au travail dans les écoles, deux différentes générations généralement éloignées se rencontrent et travaillent ensemble au sein d’un projet inclusif.
Le petit plus
En 2019, le projet « Le Potager sur le toit » a remporté le premier prix aux European Public Sector Awards (EPSA) dans la catégorie administrations locales et supra-locales, qui récompense les initiatives innovantes dans l'administration publique [2].
Message des porteurs du projet
“Nous recherchons des entités impliquées dans des initiatives similaires avec lesquelles nous pourrions échanger nos expériences et idées, ainsi que visiter leurs projets et les inviter à venir visiter le notre. Par exemple, nous aimerions entrer en contact avec des entités qui ont réussi à atteindre l’autonomie financière de leur projet et qui pourraient nous servir d'inspiration.” IMPD
[1] Triguero-Mas M, Anguelovski I, Cirac-Claveras J, Connolly J, Vazquez A, Urgell-Plaza F, Cardona-Giralt N, Sanyé-Mengual E, Alonso J, Cole H. Quality of life benefits of urban rooftoptop gardening for people with intellectual disabilities or mental health disorders. Prev Chronic Dis. 2020; 17:E126. DOI: 10.5888/pcd17.200087
[2] EIPA (2019). The European Public Sector Award 2019: Three categories, three innovative winners. https://www.eipa.eu/the-european-public-sector-award-2019-three-categories-three-innovative-winners/
Cette fiche a été réalisée par les membres de l’Institut Municipal des Personnes Handicapées (IMPD) et par Adèle Guen, bénévole LFC, mai 2021.
Dernière modification : 28 Mai 2021.
Institut Municipal de Personnes handicapées (IMPD)
Le projet « Le Potager sur le toit » consiste à l’installation de potagers urbains sur les toits désaffectés des bâtiments municipaux et des écoles de Barcelone dont le fonctionnement est confié à des organismes de personnes handicapées. Le projet promeut l'inclusion sociale, l'autonomie et l'apprentissage des personnes handicapées dans le domaine de l'horticulture ainsi que l'augmentation des espaces verts en ville et la consommation d'aliments biologiques et locaux.