Oléo Déclic : Collecter les huiles de friture (ou HAU pour Huiles Alimentaires Usagées) sur Marseille et ses environs et les valoriser en énergie renouvelable

Le contexte

Depuis les années 2000, l’Europe a mis en place des filières d’agro carburant basées sur des huiles neuves comme le colza, le palme, le soja notamment qui ont des conséquences catastrophiques sur l’environnement et la biodiversité et qui nécessitent une grande quantité de terres agricoles, d’engrais, de transport etc.

Le projet

L’association Oléo-Déclic se structure autour de trois axes : déchet, énergie et circuit court. L’objectif est de promouvoir des filières de recyclage et de développer de l’emploi sur le territoire marseillais. Oléo Déclic travaille sur des huiles utilisées sur le territoire pour créer une valorisation énergétique ou matière. La valorisation énergétique correspond à l’alimentation de chaudières, de  générateurs de vapeur (pour chauffer le brassin ou les alambics pour les distillateurs). Il est aussi possible de l’utiliser pour pratiquer le désherbage thermique ou encore faire fonctionner des groupes électrogènes avec notamment le principe de cogénération (lorsqu’un groupe électrogène fonctionne, il produit de la chaleur qui est réutilisée pour chauffer un circuit d’eau par exemple). La valorisation matière désigne la transformation de l’huile de friture en l’huile filante de chaîne de tronçonneuse, en détergent, ou en peinture naturelle. 

La collecte d’huile s’effectue auprès de professionnels de la restauration collective et privée soit environ plus de 200 points de collecte dans la région. En 2018, près de 70 tonnes d’huiles usagées ont été collectées. Les clients sont principalement les collectivités locales, les artisans, les brasseurs, les copropriétés, bailleurs sociaux etc.

Une analyse du cycle de vie du combustible a été réalisée et a permis de savoir qu’un litre de bio combustible représente 96% de CO2 en moins dans l’atmosphère par rapport à un litre de fioul.

Aujourd’hui la méthode classique de valorisation des huiles alimentaires usagées (HAU) est leur intégration à la filière agrocarburant. Elles sont transportées par camion vers des usines où elles sont mélangées à de l’Huile Végétale Pure et transformées en biodiesel par un procédé de transestérification. Ce biodiesel est alors incorporé dans le diesel que l’on trouve à la pompe, à hauteur de 7%.

Si valorisation il y a, c’est au prix d’un impact environnemental fort :

• transport sur de longues distances
• procédé industriel et chimique lourd
• utilisation finale de faible rendement énergétique (le rendement d’un moteur de voiture se situe entre 30 et 40 %, le reste est dissipé sous forme de chaleur)
• autres inconvénients de la filière agrocarburant : concurrence avec les productions vivrières et fortes émissions de CO2 liées aux changements d’affectation des sols.

Les porteurs de projet

L’association se compose de son fondateur Alain Vigier et de 2 salariés et environ 6 bénévoles. L’association a été créée en 2011 et travaille actuellement en partenariat avec la poste pour chauffer, le centre de tri de Pont de Vivaux. L’association réalise aussi des études préalables pour des collectivités qui souhaitent identifier le gisement sur le territoire, des scénarios de collecte, et identifie les outils nécessaires pour la valorisation de leur territoire et comment utiliser à nouveau ces huiles recyclées.

Le Petit Plus

Comparé à d’autres collecteurs alternatifs en France, l’association s’oriente vers la combustion d’un bio combustible permettant d’alimenter chaudières, générateurs, groupes électrogènes etc. La particularité  du projet est d’avoir élaboré un procédé sobre au niveau énergétique, basse technologie (low tech) qui se compose premièrement d’une phase de décantation statique, dans un deuxième temps d’une phase de décantation dynamique et enfin un processus de filtration à un micron.

Rédigée par Alice Deshons, volontaire LFC - Janvier 2019. 

Dernière modification : 30 Mar 2020.