Réseau Marguerite

Contexte

L’association Réseau Marguerite vise à déployer un réseau pédagogique pour sensibiliser de façon critique les jeunes à l'agriculture, à l'alimentation et à l’environnement.

Le Réseau Marguerite est à l’initiative de Julie Le Gall, alors enseignante-chercheure en géographie à l'ENS de Lyon et Myriam Laval, enseignante d'histoire géographie dans un collège de Venissieux. Petite fille et fille d’agriculteurs, elles se questionnent sur la déconnexion entre les espaces urbains défavorisés et les espaces agricoles proches, et sur les injustices alimentaires, les inégalités d’accès à l’agriculture et l’alimentation. En collaboration avec d’autres chercheurs, elles initient en 2013 un projet de recherche-action visant à sensibiliser les élèves à l’agriculture et à l’alimentation. L’objectif est d’observer si ce dispositif pédagogique permet de faire évoluer  les représentations  des adolescents et la reconnexion de leur territoire aux espaces agricoles. La partie appliquée sera portée par Myriam Laval dans son collège : le premier Projet Marguerite était né. 

Projet

L'intérêt suscité par ce projet a permis l'essaimage dans d'autres établissements de la Métropole de Lyon et dans l'Ain. A l’initiative des élèves et enseignant.es, des projets pédagogiques pluridisciplinaires naissent et sont intégrés dans les programmes scolaires. 

Les projets Marguerite ont pour points communs :

- d'aborder la complexité du système alimentaire, par l'analyse et la réflexion autour des pétales de la marguerite (production, commercialisation, nutrition/santé, justice alimentaire, gouvernance, environnement/changements globaux) ;

- de partir du vécu des jeunes, de leurs représentations et de les rendre acteur.rices du projet ;

- d'ancrer la démarche de projet dans le territoire (rencontre d'acteurs locaux, découverte des enjeux...) ;

- d'être valorisés au sein de l'établissement et dans le quartier (médias, blogs, etc.).

Le réseau Marguerite fédère les enseignant.es, porteur.ses de projets ainsi que les partenaires et facilitateurs. Son rôle est d’accompagner l’émergence et la reconnaissance des initiatives par : 

- un premier temps d'accompagnement pour la création du projet, avec l'équipe enseignante ;

- des temps collectifs de formation : 2 fois par an lors des journées de regroupement, les enseignant.es se réunissent afin d'écouter une conférence, de partager leurs expériences, de travailler par équipe au développement du réseau, en fonction des besoins identifiés ;

- des ressources mutualisées sur le site Internet : projets inspirants, ressources thématiques, outils de méthodologie, séances de classe... ;

- l’organisation d’un “congrès des élèves” annuel, journée de mise en débat des élèves, sur des thématiques identifiées et préparées en amont, avec la présence d'experts et élus du territoire pour valoriser les propositions des jeunes et les projets suivis toute l’année ;

- la valorisation des projets Marguerite et des actions menées (mise à disposition d'un espace sur le site internet, participation à des événements, animation d’une info-lettre, relai vers les médias...).

- la diffusion de la philosophie Marguerite (ou éducation agri-alimentaire), par des formations à destination de différents publics, la création et la diffusion d’outils.

Le réseau Marguerite joue également un rôle important dans la mise en lien avec des acteurs du territoire partenaires pour les établissements et les porteurs de  projets Marguerite.

Ces acteurs peuvent être des associations, institutions, collectivités, étudiant.es, chercheur.es, professionnels du milieu agricole et alimentaire, ayant un rôle dans la connaissance du territoire, l’animation d’ateliers, la diffusion des actions du réseau, la création et le financement de projets.

Ci-dessous une vidéo de présentation du Réseau Marguerite, de l'éducation agri-alimentaire au collège, réalisée par Claire Lambert

Moyens 

Le Réseau Marguerite s’est monté par et pour les enseignant.es avec un fort engagement de Julie Le Gall, et la participation financière de l’ENS de Lyon. La création officielle de l’association en 2018, et l’embauche d’une première salariée en 2019, ont été possible par le financement obtenu par le Programme national pour l’alimentation, et le soutien de la Métropole de Lyon via son PEDD (plan d’éducation au développement durable). Le Réseau est agréé par l’Académie de Lyon, et est partenaire de la cellule DFIE : Délégation Innovation Formation Expérimentation, et de la cellule EDD. Aujourd’hui, 2 salariées travaillent à la coordination du réseau et au déploiement de la philosophie Marguerite au-delà de ses territoires d’implantation. Un.e stagiaire ou un.e volontaire en service civique viennent ponctuellement renforcer l’équipe. 

Résultats

Actuellement, le réseau est développé dans le Rhône, l’Ain, et est en cours d’essaimage dans la Drôme et à Montpellier. Il s’étend sur 30 établissements urbains, périurbains et ruraux (Lyon, France, Amérique du Sud). Les projets Marguerite ont touché 2400 élèves, 100 enseignants, 110 étudiants, et ont donné lieu à des vingtaines de réalisations concrètes.

- 3 congrès des élèves organisés à Lyon, un prochain qui se prépare en Juin 2022, en lien avec le PAT de la métropole de Lyon ;

- 2 forums Marguerite organisés dans l'Ain : lieux de rencontre et d'échange entre jeunes et acteurs du système alimentaire local ;

- 2 concours de cuisine inter-collèges organisés sur le plateau des Minguettes à Venissieux, avec l'association VRAC : pour découvrir et travailler sur l'alimentation locale et durable avec les jeunes et les familles d'un quartier en QPV ;

- 2 AMAP créés par des collégiens, 1 AMAP créé par des lycéens et un kit pédagogique valorisant la démarche ;

- 1 application numérique créé avec des collégiens, pour apprendre et jouer en parlant agriculture et alimentation ;

- 1 thèse en cours de rédaction, menée par Alexandra Pech, concernant les paysages alimentaires scolaires et la justice alimentaire ;

- 1 livre de recettes transformatrices de territoire, recueil de ressources pour parler éducation agri-alimentaire au plus grand nombre ;

- Et bien plus de projets inspirants postés et des centaines de séances pédagogiques, diffusés en licence Creative Commons By SA sur le site internet du Réseau Marguerite.

Le petit plus

L’approche systémique du Réseau est innovante dans le cadre de l’éducation nationale car elle permet la mise en réseau d’enseignants de différentes disciplines, de chercheurs, d’associations, de professionnels de l’alimentation et l'agriculture et de collectivités par la démarche de projet. Cette approche est innovante, à la fois pour les élèves et les enseignants, qui prennent la mesure du rôle de l’École et de leur rôle d’acteurs et citoyens pour faire évoluer les territoires.

En sortant de la transmission descendante, et en partant de la problématique des élèves et du territoire, les adolescents s’impliquent davantage dans leurs apprentissages et génèrent des propositions innovantes.

Le projet collectif de chaque classe stimule les élèves et crée une cohésion de classe et avec les enseignants.  La rencontre des classes membres du réseau lors d’un événement annuel amène à des échanges constructifs entre des milieux sociaux et des territoires différents, sur un thème commun, l’alimentation, replacé dans des problématiques plus larges. En passant d’appreneurs à apprenants, les élèves intègrent les enseignements de manière plus durable.

La valorisation des projets à travers le réseau procure de la fierté chez les élèves et aussi les enseignants. Cette valorisation permet une reconnaissance des enseignants que leur institution donne peu.

Le Réseau propose de créer du collectif aux enseignants qui se sentent souvent isolés dans leur métier et leur classe. Par les espaces d’échange, la formation et la coopération, le réseau stimule les enseignants et leur créativité afin qu’ils s’ouvrent au champ des possibles en trouvant un appui et soutien auprès de leurs pairs.

Enfin, le contact avec la Recherche vise à briser un plafond de verre pour permettre la collaboration étroite entre enseignant.es du secondaire et chercheur.es mais aussi à actualiser et diffuser largement les informations et techniques concernant les systèmes alimentaires et leurs transitions.

Cette fiche a été réalisée par Axel Wurtz, stagiaire Let's Food, en novembre 2021.

Dernière modification : 22 Nov 2021.