Pays de la Loire : La stratégie régionale partagée agri-alimentaire “De notre Terre à notre Table” 2016-2020

Le contexte

Fragilisée par des crises de différentes natures, la deuxième région agro-alimentaire française  constate un besoin de réinventer un nouveau modèle afin de soutenir le premier secteur économique du territoire (170 000 emplois induits, 110 000 directs et 14 Milliards d’euros de chiffre d’affaires, réparti sur l’ensemble de la Région). Autre observation, depuis 35 ans, chaque année 6 000 hectares de terre perdent leur vocation agricole dans la région.La Région des Pays de la Loire a, suite à ce constat, activé les leviers dont elle disposait pour renforcer l’emploi et la compétitivité de l’agriculture au niveau régional, afin que les agriculteurs puissent vivre de leur travail. Pour cela, elle a voulu associer l’ensemble des acteurs du système alimentaire, de l’amont à l’aval, de la production à la consommation, à travers sa stratégie « De Notre terre à notre table. Sur la période 2017-2020, 130M€ de financements régionaux seront mobilisés (+25%), soit un budget total de près de 200M€ avec les contreparties apportées par l’Etat et l’Europe.

Le projet

Dès 2016, la Région a activé un plan d’urgence compte tenu de la crise (notamment au niveau de l’élevage) : 52 millions d’euros libérés, renforcement des enveloppes à l’installation et à la modernisation (1 000 exploitations modernisées dès 2016)

Quant à la stratégie régionale agri-alimentaire 2016-2020 elle s’est d’abord construite sur la base d’un diagnostic des filières alimentaires, réalisé par des experts (chambre d’agriculture, DRAAF, Cap Aliment, SMIDAP). Elle s’est affinée par une enquête auprès 8 000 consommateurs locaux et nationaux ainsi qu’avec 11 ateliers de travail, en concertation avec tous les maillons de la chaîne durant plusieurs mois, ayant réuni 400 personnes (producteurs, distributeurs, transformateurs, industriels, consommateurs, etc). La stratégie 2016/2020 a fait l’objet d’un plan opérationnel de près d’une centaine d’actions ciblant l’ensemble des multiples filières régionales (lait, bovin, porc, ovin, aviculture, viticulture, arboricultures, maraîchage, grandes cultures, etc).

La mise en oeuvre

Les 4 axes majeurs de la stratégie régionale :

#1 Maintenir et créer de l’emploi : 

• Aides à l’installation et à la transmission : portage du foncier, augmentation des dotations jeunes agriculteurs et parrainage, nouveaux modes de financement
  (Bilan 2015-2017 : 1403 dossiers engagés pour près de 26 millions d’euros)
• Modernisation des outils de production : 59.5 millions d’euros de FEADER et 52.8 millions d’euros  par la Région ( Bilan précédent : enveloppe 2014/2020 doublée par rapport à celle de 2007/2013 : 2 724 dossiers (1^ère région en montant d’engagement)
• Soutien à l’innovation (fermes expérimentales, Journées innovation, développement numérique, collaboration avec les start-up) : 55 projets soutenus, montant de 5.5 millions d’euros
• Offre de formation adaptée aux besoins, valorisation des métiers dans les lycées

#2 Faire rayonner le potentiel agricole régional: 

• Valorisation : création d’une origine « Pays de la Loire » (pas un label ni une marque mais répond au besoin d’identification de l’offre locale)
• Exemplarité et débouchés : objectif de servir 50% de produits issus des Pays de la Loire, dont 20% de produits labels dans les lycées et les CFA fin 2017 et accompagnement à l’élaboration et au suivi de plans d’actions des 30 lycées pilotes
• Communication : « Manger régional, c’est capital » campagne lancée fin 2016 afin de modifier les habitudes d’achat des consommateurs régionaux
• Gouvernance : du fait de l'importance de l’échelon Européen sur les thématiques agricoles, la Région partagera avec la Chambre Régionale d’agriculture son bureau à Bruxelles 
• Accompagnement à l’export

#3 Protéger les filières (triple performance économique sociale et environnementale): 

• Sécurisation des systèmes agricoles : assurance face aux risques climatiques, sanitaires, marchés (fluctuation des prix) 
• Feuille de route transition énergétique, qualité de l’eau, biodiversités, santé animale et végétale, santé au travail 
• Accompagnement des agriculteurs en difficultés

#4 Fédérer les différents acteurs du secteur agro-alimentaire: 

• Encourager les filières à travailler ensemble (rencontres inter-filières et inter-maillons), notamment pour l’international : création d’un groupe sur la répartition de la valeur ajoutée.
• Participer et soutenir le « Réseau local» de chaque département, qui, autour des Chambres d’Agriculture, de l’association des Maires et des Conseils Départementaux, fédère l’ensemble des acteurs associatifs, publics et privés mobilisés sur les enjeux de développement de l’approvisionnement de proximité.

Dans une volonté de déclinaison locale et afin d’accélérer l’instruction des dossiers, la Région a permis de recruter 10 personnes au sein des Directions Départementales des Territoires.

La Région soutient en parallèle les Projets Alimentaires Territoriaux, formalisés en concertation afin de renforcer un approvisionnement de proximité et de favoriser une agriculture durable (15 territoires sont déjà engagés dans un PAT, comme Nantes Métropole qui fut le premier labellisé par le Ministère de l’Agriculture). La Région, accompagnée par l’Etat et l’ADEME a lancé un appel à projet pour encourager cette dynamique, y consacrant alors 10 000 euros.

Les porteurs de projet

Ce travail a été piloté par Lydie Bernard (Vice-Présidente de la Région, chargée de l’agri-alimentaire), entourée de différentes parties prenantes :

• Etat
• Europe (PAC, FAEDER, etc)
• Échanges annuels avec représentants des professions (syndicats)
• Conseils Départementaux 
• Pôles de compétitivité (Valorial, Végépolys) et Université Bretagne Loire
• Renforcement LIGERIAA (Association régionale des Entreprises alimentaires des Pays de la Loire) 
• Agence de l’Eau
• Collaboration avec les autres Régions

Démarche suivie et partagée, avec des rendez-vous réguliers et un point annuel sur la feuille de route.

Le Petit Plus

L’état des lieux est particulièrement précis, constitué au niveau global mais aussi par filière avec une analyse AFOM, une enquête consommateur (approche habitude d’achat, perception prix/qualité, connaissance de l’offre régionale) puis stratégie déclinée selon les filières.

Cette fiche initiative a été rédigée par Clément Corvaisier, étudiant Supecolidaire, Avril 2020.

Dernière modification : 09 Avr 2020.