Le Centre de Développement Ma’an

Contexte 

L’état de la situation alimentaire et nutritionnelle en Palestine est fortement liée à la situation politique et le conflit qui l’oppose à Israël, un pays voisin qui entrave de différentes manières la possibilité de subvenir un minimum à ses besoins. Les capacités du secteur sont très réduites (la confiscation de terres dans la zone tampon qui touche 35% des terres arables, les interdictions de travail/d’importations, le déracinement d’oliviers, la pollution des sols liée au conflit militaire, la limitation des zones de pêche…) alors que le pays a besoin de créer des débouchés professionnels pour une population grandissante jeune - dont l’âge médian est de 21 ans - mais surtout de pouvoir nourrir tout le monde avec des produits de qualité. Ce double enjeu - alliant productivité et qualité - ne peut se faire dans un contexte de conflit militaire chronique à l’heure où l’inflation alimentaire mondiale (+ 14,5 % en février 2023) ne cesse de croître à cause du conflit russo-ukrainien. Les Palestiniens ont peu de moyens, les bailleurs de fonds moins de garanties et sont progressivement  moins incités à intervenir sur le terrain. 

Pour pallier certains manques, le centre de développement Ma’an - qui signifie ensemble en arabe - a été fondé en janvier 1989 sous le statut d’organisation à but non lucratif. Son siège se trouve à Ramallah et il existe quatre branches à Gaza, Khan Younis, Tulkarem et Jénine. L’objectif principal de Ma’an est de créer des initiatives autonomes qui permettent de développer durablement les ressources humaines en Palestine le tout, par l’intermédiaire d’une approche alliant valeurs d’auto-suffisance et d’empouvoirement. Des groupes clés sont ciblés : les femmes rurales, les jeunes et adolescents, les agriculteurs, les ONGs et organisations communautaires (CBO), les ingénieurs agronomes et conseillers.

Projet

Le Centre de Développement Ma’an a plusieurs programmes dédiés à ses groupes cibles, dont un programme dédié à l’agriculture et la sécurité alimentaire qui a identifié les priorités du secteur et prioriser certaines activités en fonction des besoins.

D’abord, le soutien aux agriculteurs impactés par la construction du mur de séparation et la réhabilitation d’infrastructures endommagées pour favoriser et protéger le lien entre agriculteurs et leurs terres.

Pour améliorer la durabilité des exploitations, des mesures de récolte d’eau (ponts, citernes) ont été développées sans oublier le développement de services et conseils agricoles pour favoriser l’agriculture biologique et la lutte antiparasitaire responsable.

Finalement, un dernier volet d’action se concentre sur du plaidoyer (national et international) pour protéger les droits - fonciers notamment - des Palestiniens et plaider contre la violation des droits des agriculteurs.

Résultats

Ce programme porté par le centre de développement ma’an a pu entre 2009 et 2015 avoir un impact positif et durable sur une variété d’éléments. Des terres ont pu être réhabilitées (1,708 dunums pour 576 familles en 6 ans), les sols ont été dé-contaminés et traités, des semences ont été distribuées pour favoriser la diffusion d’oliviers, citronniers et amandiers sans oublier les oliviers déjà plantés pendant le projet à Tulkarem qui rapportent 120 dollars AU par dunum. 

190 agriculteurs ont été soutenus dans le développement de serres ce qui a permis une augmentation de la productivité de celles-ci qui font entre 42m2 et 225m2. Pour ce qui en est de l’élevage, les bénéficiaires sont exclusivement des femmes qui ont pu générer davantage de revenus grâce à différentes distributions (429 ruches, produits antiparasitaires, intrants, 123 unités de production pour des moutons…) des réparations d’infrastructures dont 80 dédiées aux volailles.

L’accès à l’eau a été amélioré grâce à des travaux d’irrigation qui ont permis l’installation de 3,440m de pipelines. 4500 m3 de réservoir ont été réhabilités dans le village de Kur ce qui a permis une réduction du prix de l’eau de plus de 75 %. Pour ce qui est des routes agricoles, 7,8 km de routes ont été rénovées à Al-Kafriyat pour améliorer l’accès aux 3,900 dunums de terres agricoles. Chaque dollar investi dans les routes agricoles rapporte 7,5 dollars de plus sur les revenus brut des agriculteurs sans oublier l’augmentation de la valeur des terres grâce à cette meilleure accessibilité - elles passent de 3,610 dollar par dunum a 9,000-10,000 dollars par dunum. 

Le programme consacré à l’agriculture et la sécurité alimentaire du centre de développement Ma’An a permis de répondre à des besoins immédiats grâce à l’augmentation de la productivité du secteur mais aussi à des besoins sur le long-terme grâce à des formations adaptées. Dans la finalité, le centre de développement souhaite capitaliser sur ses efforts de coopération et coordination avec les parties prenantes concernées pour développer une politique de souveraineté alimentaire nationale. 

Les projets menés par le Ma'an Development Center dans la bande de Gaza :

Petit plus 

Le Centre de Développement Ma’an a fondé un centre de permaculture appelé Beit Qad (Maison Qad) en 2013 sur quatre hectares à l’extrême nord de la Cisjordanie. L’objectif de ce centre est de produire durablement de la nourriture en capitalisant sur les pratiques locales. Le centre est un espace hybride qui mélange production alimentaire et formation aux pratiques agricoles éco-responsables et durables : depuis 2013, ce sont 964 personnes qui ont participé à des ateliers de formation sur des sujets allant de l’apiculture, à la protection intégrée sans oublier l’aquaculture et l’hydroponie. C’est aussi un laboratoire pour développer de nouvelles stratégies sur des sujets clés comme la récolte des eaux de pluie.

Cette fiche a été rédigée par Lana Khouildi, bénévole LFC en mars 2023

Dernière modification : 24 Mar 2023.