Le contexte
Le gaspillage alimentaire est défini comme :
“Toute nourriture saine destinée à la consommation humaine qui est transformée en déchet évitable. Un déchet évitable étant tout déchet dont la production aurait pu être évitée en suivant les bonnes pratiques de production, dans le respect des lois et règlements et dans l’état actuel de la technologie. Il faut donc être attentif à bien exclure du gaspillage ce qui ne se mange pas (épluchures, trognons, carcasses, etc)”.
Aujourd’hui, chaque français jette en moyenne 20kg de déchets alimentaires par an, dont 7 kg de produits encore emballés (chiffres d’une étude de l’ADEME “Composition des ordures ménagères et assimilées” 2010).
Cela représente un prélèvement inutile de ressources naturelles et un impact environnemental évitable contre lequel il est important d’agir. Ce gaspillage correspond également à des coût évitables, pour chaque maillon de la chaîne, dont le consommateur.
Le projet
La création d’une charte peut aider à donner toute son importance à la lutte contre le gaspillage alimentaire. L' ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires) créée donc une charte qui pourra ainsi être intégrée tout au long du cycle de vie du produit.
Cette charte constitue une trame de travail dans laquelle pourront s’inscrire les fédérations membres de l’ANIA et leurs entreprises.
La Charte : https://www.ania.net/wp-content/uploads/2015/10/Charte-anti-gaspi2.pdf
Concrètement :
- Lors de la conception du produit
Optimiser l’utilisation de la matière (matières premières, ingrédients)
- Mettre en place des programmes de management de la qualité pour garantir un produit qui est et reste conforme sur la durée d’utilisation.
- Optimiser le rendement matières premières.
Optimiser les emballages pour réduire le gaspillage alimentaire
- Utiliser des emballages permettant une protection adéquate du produit.
- Améliorer le taux de restitution des emballages.
- Concevoir des emballages facilitant l’utilisation au quotidien des produits (ouverture facile, emballages refermables).
Concevoir des formats au plus près des besoins des consommateurs
- Proposer différents formats adaptés aux évolutions des modes de consommation des ménages, de la taille des foyers et des modes de distribution de la restauration (formats individuels, familiaux, ...).
- Adapter les formats aux besoins nutritionnels et au moment de consommation (portions individuelles pré-emballées selon les recommandations du GEM-RCN (groupe d’étude des marchés de restauration collective et nutrition - août 2013).
Evaluer la durée de vie optimale du produit en prenant en compte les principes de sécurité sanitaire, de lutte contre le gaspillage alimentaire et la satisfaction du consommateur.
2. Au cours de la transformation industrielle
Optimiser les procédés de fabrication
- Mettre en place une procédure par étape pour le passage d’une production à une autre.
- Mettre en place des indicateurs de suivi adaptés (ex : taux de perte).
- Assurer une maintenance préventive des machines.
Prévenir la production de déchets
- Mettre en place une démarche d’éco-conception des produits.
- Eviter la production de déchets venant d’un mauvais classement des co-produits.
- Valoriser les déchets : recyclage des emballages, valorisation énergétique, compostage, méthanisation, ...
Valoriser les co-produits
- Revaloriser la matière (chutes de production, recyclage, ...).
- Valoriser les « co-produits » (en alimentation humaine, alimentation animale, vers d’autres secteurs industriels (ex : cosmétique, pharmacie, chimie, ...).
Optimiser les conditions de stockage (matières premières/produits finis)
- S’assurer de l’étanchéité des bâtiments de stockage
- Lutter contre les ravageurs
- Stocker au froid certaines matières premières pour prolonger leur durée de vie.
Optimiser la logistique
- Optimiser/fluidifier la gestion des commandes : meilleure adéquation entre commandes et production, gestion des commandes en direct dans le magasin, commandes en flux tendu, ...
- Suivre les stocks de matières premières et de produits finis, éviter les dépassements de contrat date.
- Optimiser le planning de production.
- Don de produits lié à un problème logistique.
Sensibiliser/Former le personnel
- Afficher des indicateurs de suivi des pertes dans l’usine.
- Mettre en place des actions de sensibilisation auprès du personnel : bonnes pratiques, consignes de manutention, respect des produits, conseils pour lutter contre le gaspillage alimentaire, ...
- Mettre en place de groupes de travail sur la thématique du gaspillage.
3. Pendant la distribution
Utiliser des emballages de transport permettant de s’assurer d’une protection adéquate et efficace du produit (sanitaire et physique) jusqu’au moment de sa consommation.
Veiller à minimiser les délais de distribution jusqu’aux entrepôts des clients et leur recommander un stockage et une commercialisation adéquats de nos produits avant consommation.
Assurer une fluidification de la communication entre le transformateur et le distributeur.
4. Au moment de la consommation
Apporter des informations au consommateur sur l’utilisation des produits
Ex : indication sur les emballages de repères de consommation (pour mieux doser), d’informations sur l’utilisation du produit (préparation, astuces cuisine,...), informations sur les dates de péremption, conseils de stockage/conservation, … Diffuser des bonnes pratiques pour éviter le gaspillage au quotidien.
Ex : Comment mieux acheter, ranger son frigo, conserver ses aliments, accommoder les restes (idées recettes, ...)
Accompagner les acteurs de la restauration
- Aider à la gestion matière première : indications sur le nombre de portions par conditionnement, le poids net, les pertes à la cuisson, conseils sur le stockage et la conservation des produits, ...
- Adapter la taille des portions au type de convive (enfant/adulte, actif/personne âgée).
- Adapter les emballages et le conditionnement pour protéger les produits et répondre aux contraintes de sécurité sanitaire, sans accroître les pertes (manipulation des produits).
- Apporter des solutions : recettes à partir de produits/plats non utilisés afin de ne pas jeter.
- Mettre en place des actions visant à sensibiliser (pesée des éléments présents sur le plateau en fin de repas) et à inciter au tri (tables de tri).
- Appui à l’utilisation du produit : conseillers culinaires pour optimiser le choix de la technologie et de la préparation des produits en cuisine.
- Appui sur la communication : mise en œuvre d’animations ludo-pédagogiques dans les restaurants scolaires pour sensibiliser aux pratiques évitant le gaspillage.
Mise en action des entreprises ou réseaux :
- FRIAA : La FRIAA, en partenariat avec COOP de France Alpes Méditerranée et les Banques Alimentaires de Provence-Alpes-Côte d’Azur, a pris l’initiative de créer en 2015 un fond de dotations : FONDALIM® PACA a pour objectif de promouvoir et de faciliter les dons alimentaires des coopératives agricoles et industries agroalimentaires de la région. Ce fonds vise à permettre à ces entreprises de mieux identifier et soutenir les acteurs régionaux de l’aide alimentaire, à rendre les circuits de donations plus efficaces, et à lutter contre le gaspillage en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
- LRIA : Consciente des enjeux du gaspillage alimentaire et de la nécessité de se mobiliser sur ce sujet, Languedoc Roussillon Industrie Agroalimentaire (LRIA) a réalisé en 2014 une étude sur le gaspillage alimentaire dans les entreprises agroalimentaires de la région Languedoc-Roussillon. L’objectif était de faire ressortir des pratiques s’inscrivant dans une démarche de lutte contre le gaspillage alimentaire des denrées, aussi bien en termes de prévention que de méthode de revalorisation (pour la consommation humaine). Cette démarche a abouti à la rédaction d’un recueil de bonnes pratiques regroupant des solutions concrètes mises en œuvre par les entreprises pour réduire le gaspillage à la source. Ce guide regroupe également des fiches pratiques pour aider les entreprises sur le don de produits aux organismes d’aide alimentaire. Cette action et ses résultats ont été honorés par la remise d’un prix « Anti gaspi » par Stéphane Le Foll en octobre 2014.
Rédigée par Claire Caillaud, volontaire LFC - Juin 2019.
Dernière modification : 31 Mar 2020.
ANIA
L’ANIA doit faire respecter la loi et est garante de l’esprit des EGA. Elle invite l’ensemble des entreprises alimentaires à rappeler le cadre réglementaire existant et les principes des Etats Généraux de l’Alimentation en préambule de tous les rendez-vous avec leurs clients afin d’acter du fait qu’il s’agit de nouvelles règles de fonctionnement dont les deux parties doivent se porter garantes. Elle doit documenter les échanges avec les distributeurs surtout en cas de risque d’entorse aux nouvelles règles, afin d’éviter tout malentendu et de faire respecter la loi.